Entretien 2004 n°2 - Ludivine HENRION
 

Ludivine Henrion
Née le 23 Janvier 1984 à Namur
2 frères (Sven et Jonathan) qui pratiquent le cyclisme
Réside à Corswarem (Belgique, province de Liège)
Etudiante régendat en Education Physique à Loncin (Ans).
Loisirs : le cyclisme, c'est tout !
Clubs : Sprinter Club Berloz (1996-1999), Team Cycliste Hesbaye (2000-2004)

Site internet

Palmarès
1ère à Zingem (2003), 1ère du Tour de Charente Maritime (2002 +1 étape, 2003 +1 étape), 1ère à Sinaai (2001, 2002, 2003), 1ère à Wortel (2003), 1ère à Dôle (2002), 1ère à Seneffe (2002), 1ère à Harzé (2001, 2002), 1ère à Melle (2002), 1ère à Izegem (2002), 1ère à Corswarem (2000, 2002), 1ère à Zoutleeuw (2001), 1ère à Hollogne s/Geer (2000, 2001), 1ère à Cras-Avernas (2000, 2001), 1ère à Gottem (2001), 1ère à Puivelde (2001), 1ère à Trognée (1999, 2000, 2001), 1ère à Couthuin (2000, 2001),
1ère à Haasrode (1999, 2000), 1ère à Berloz (2000), 1ère à Gierle (2000), 1ère à Pommeroel (2000), 1ère à Renaix (2000), 1ère à Hollogne s/Geer (2000), 1ère à Poeke (1999, 2000), 1ère à Chateauneuf s/Loire (F, 2000), 1ère à Iddergem (1999, 2000), 1ère à Strijpen (1999, 2000), 1ère à Quiévrechain (F, 2000), 1ère à Tessenderlo (2000), 1ère à Oostduinkerke (2000), 1ère à Horrues (2000), 1ère à St Pauwels (2000), 1ère à Neerpelt (1999), 1ère à Oostmalle (1999), 1ère à Laar-Landen (1999), 1ère à Kemzeke (1999)

Championnats de Belgique : 21ème à Hoogstraten (Elites, 2003), 1ère à Willebroek (juniors, 2002), 15ème à Wuustwezel (juniors, 2001), 1ère à Riemst (cadettes, 2000), 1ère à St Niklaas (CLM cadettes, 1999, 2000), 1ère à Halle (cadettes, 1999)
Championnats du Monde : 39e à Zolder 2002 (juniors), 53e à Lisbonne 2001 (juniors)
Coupes du Monde : 20e à Rotterdam 2003, 97e de la FLèche Wallonne 2003


Vélo Féminin Online : Tu disposes d'un site internet qui permet de faire ta connaissance et de suivre le déroulement de tes saisons. Un site présenté de façon plutôt amusante et désinvolte, que tu réalise toi-même je crois. Internet, c'est une passion pour toi, un mode de communication pratique ou autre chose ?
Ludivine Henrion : Oui, j'ai créé ce site pour me faire plus connaître du milieu cycliste car les filles sont souvent en retrait. Internet, je dirais même l'informatique en général, c'est un passe temps et quand je ne suis pas sur mon vélo ou au cours, je suis sur msn pour chater avec des amis. J'aime beaucoup parler (eh oui je suis une femme ;-). Sinon à part chater, j'aime remettre de l'ordre dans mon site, faire des modifications... et je vais voir des sites sur cyclisme évidement.
VFO : La seule vraie passion, pour toi, semble être le vélo. Comment y es-tu venue ?
LH : Déjà, j'ai été "fabriquée" pendant que mon papa (accompagné de ma maman évidement) faisait un stage cycliste dans le sud de la France. Mon père a fait de la compétition de 22 à 27 ans et a arreté l'année de ma naissance. Deux de ses frères ont continué et ensuite, mon père organisait chaque année des stages pour les coureurs et les cyclos et bien entendu, nous allions voir les courses. Je roulais régulièrement avec mon papa une vingtaine de km à l'âge de 6-7ans tout en pratiquant du foot (de 5 à 11 ans) et un dimanche matin, j'ai accompagné mon père dans une randonnée cyclo de 60km j'avais 8 ans. Mon père pensait que j'allais monter dans la voiture suiveuse après 20km mais j'ai seulement commencé à me plaindre après 50km. A ce moment là, il m'a dit tu iras bien jusqu'au bout en me montrant le village au loin. J'ai remonté tout le peloton (de + de 100 cyclos) et j'ai sprinté pour arriver 50m devant en levant les bras au ciel. Ce jour-là, j'ai compris que je voulais faire du vélo. Et j'ai attendu l'âge de 12 ans pour disputer ma première compétition (car ici, c'est seulement depuis 3 ou 4ans qu'on peut
commencer la compet à 7 ans).
VFO : La famille semble un point important dans ta vie. Tu as semblée très touchée, ce qui est normal, par la disparition de ton grand-père l'an passé. As-tu besoin de les sentir tous unis derrière toi pour être compétitive sur ton vélo ?
LH : Nous sommes très unis dans la famille. J'ai deux frères (un de 21 ans et l'autre de 18 ans) et nous nous disputons très rarement. D'ailleurs, les gens du village disent quand on en voit un on voit les 2 autres qui suivent. Nous avons tous la même passion et tout le monde est fier de nous dans la famille. Ils viennent parfois nous supporter. Mon grand-père nous suivait beaucoup (malgré son âge) et était en bonne santé. Nous ne nous attendions pas à ce que ça arrive subitement. C'est pour ça que ça a fait très mal.
VFO : Ta famille et tes amis sont d'ailleurs regroupés autour de toi en "club de supporters", n'est-ce pas ?
LH : En fait, il n'y a pas vraiment de club de supporters mais c'est vrai que je les ai toujours attiré. Je me souviens de la troisième fois où j'ai été Championne de Belgique : la tribune devant le podium était remplie de supporters venus pour m'encourager. Après, ils se sont installés à une table, et mes parents ont payé une tournée de plus de 50 verres... Ca c'est une tournée générale ! Et j'ai mis plus d'une heure à atteindre la voiture qui était à peine à 500m tellement il y en avait partout. Quand il y a une course dans la région, on n'entend que des "Allez Ludi !". C'est toujours plus facile de pédaler dans ces conditions. Quand j'ai monté le mur de Huy lors de l'arrivée de la Flèche Wallonne (qui se déroule à 20km de chez moi), je me demandais d'où venait tous ces gens qui criaient mon nom !

VFO : Ca a tout de suite très bien marché pour toi. Ton palmarès dans les jeunes catégories est éloquent. Quels sont les ingédients qui t'ont donné cette réusite ? La passion ? Les bons conseils de ton encadrement ? Un grosse détermination ?
LH : C'est vrai que déjà, lors de ma première course, à 12 ans, je finis 2e au milieu de 19 garçons. Les journalistes avaient même écrit "Ludovic Henrion" au lieu de Ludivine ! Cette année là, j'en ai gagné 3 et les garçons ne rigolaient plus en me voyant. Ensuite, ma toute première course avec les filles, je la gagne. C'était incroyable. Tout cela, je pense que c'est grâce à tous les éléments indispensables qui ont été rassemblés. L'entourage a joué un grand rôle et puis je crois que, lorsque l'on a un minimum de dispositions et que l'on aime ce que l'on fait en sachant que ce ne sera pas tous les jours facile, il y a moyen d'y arriver.
VFO : De toutes ces victoires dans les jeunes catégories, y en a-t-il une dont tu conserves un souvenir plus marqué que les autres ? Un de tes titres de Championne de Belgique ?
LH : C'est la toute première course avec les filles. C'était à Haasrode le 03 avril 1999. Je ne savais pas du tout où je me situais par rapport aux autres. J'ai attaqué plusieurs fois mais nous sommes arrivés à 10 au sprint et je gagne avec plusieurs longueurs d'avance. Ce jour-là, je ne me rendais pas compte de mon exploit. Si je dois choisir un des titres de Championne de Belgique, j'hésiterai entre le premier et le cinquième, car le premier est justement le premier ! Avec deux victoires et deux 3e places en 4 courses, j'étais forcément dans les favorites. J'y pensais mais je n'osais pas y croire. Quand j'ai franchi la ligne d'arrivée en vainqueur, une fois de plus j'étais sur mon petit nuage et je ne savais pas ce qui m'arrivait. Par contre, en 2002, je me suis vraiment rendu compte que c'était important ce maillot de Championne de Belgique. En 2001, malade, c'était la première fois en 3 ans que le maillot m'échappait. En 2002, je voulais le récupérer. Quand je l'ai enfilé, je n'ai pu retenir mes larmes. Ce jour-là, j'ai fait pleurer tous les supporters, une fois de plus venus en nombre. La, j'ai vraiment pris conscience l'importance de ce maillot !
VFO : Tes frères font aussi du cyclisme en compétition. Quelles sont leurs ambitions ?
LH : En effet, ils ont contracté le virus également. Ils ont eu beaucoup de mal dans leurs débuts mais ont progressé au fil des années. Mon petit frère a enfin eu sa première victoire en 2003 après 7 années de compétition ! Le grand a beaucoup progressé ces dernières années et serai peut-être même devenu Champion de Belgique Espoirs en 2003 s'il n'avait pas levé les bras trop
tôt ! Mais bon 2e était déjà un exploit. Ils pratiquent le cyclisme comme passion sans vraiment d'ambition mais si un jour, ils ont l'occasion de passer au niveau supérieur, ils prendront certainement leur chance. Je l'espère pour eux !
VFO : Avec les victoires que tu accumulais, étais-tu une sorte de modèle en compétition pour eux ?
LH : Parfois, j'ai l'impression qu'ils râlent de toutes mes victoires mais je suis sûre qu'au fond d'eux, ils sont fiers de leur soeur ! ;-) Sinon, on court tous de la même façon... en attaquant et on a la même qualité, le sprint, sans pour autant avoir de grosses lacunes. De là à être un modèle pour eux, non je ne pense pas. J'en apprends d'eux comme eux apprennent des choses de moi mais c'est plus souvent eux qui m'apprennent.
VFO : En 2002, tu glanais ton dernier maillot de Championne de Belgique en date, dans la catégorie des juniors. Une saison pleine de victoires. Les Championnats du Monde se déroulaient, pour toi, presque à domicile, à Zolder en Belgique. Tu figurais parmis les favorites. Est-ce que cela a été une déception pour toi de ne pas rapporter de médaille ?
LH : En effet, je pensais à Zolder depuis plusieurs années déjà ! Mais je pense que la pression m'a tuée ! Après le championnat de Belgique, le speaker m'avait demandé : "Un top 10 à Zolder ?" et j'avais répondu : "Avec un top 10, je ne serai pas contente !". Je ne voulais pas être championne du monde mais au moins être sur le podium mais la pression était grande et sans s'en rendre compte les gens me la mettait en plus de moi-même. J'étais au bout du rouleau ce jour là et mes jambes n'en voualient plus. Ce fut une des grosses déceptions et quand j'y repense, ça m'énerve encore, car si j'avais été bien ce jour là, je reste persuadée que le podium était tout à fait accessible. Mais bon, comme partout, il n'y a pas que des beaux moments.

VFO : Chez les jeunes catégories, tu as donc ammassé beaucoup de victoires et collecté 5 titres de Championne de Belgique. Le 6e titre, c'est l'objectif de cette année 2004 ?
LH : Depuis Zolder, je n'ose plus trop dire mes objectifs au public mais bon c'est vrai que le Championnat de Belgique 2004 est un objectif de cette année, mais il y aura encore d'autres chances. Si ce n'est pas cette année, ce sera peut-être une autre fois. Et puis j'en ai déjà 5, si on m'avait dit ça il y a 10ans, j'aurai rigolé ! Mais c'est sûr que confirmer les titres des catégories de jeunes serait maginifique.
VFO : Quand on parcoure ton site, on est amené à se rendre compte que le Championnat de Belgique 2003 a été une réelle déception pour toi, exact ?
LH : Oui c'est tout à fait cela. Je prenais le départ comme chaque course avec l'ambition de gagner mais je pensais que si je ne gagnais pas, ce ne serait pas une déception. Contrairement aux autres courses, j'avais l'obligation de me cacher jusqu'aux derniers mètres. Ce fut dur mais j'y suis presque arrivée. Je n'ai attaqué que quelques fois. Dans le dernier tour, à 4 km de l'arrivée, nous avons repris l'échappée et là, j'ai commencé à y croire. Malheureusement, il y a eu une chute dans le dernier kilomètre juste à côté de moi. Je ne suis pas tombée mais j'ai été retardée et je n'ai pas pu disputer le sprint comme je l'aurai voulu. Dommage car pour beaucoup de personnes, à partir du moment où nous avons repris l'échappée, j'étais citée comme grande favorite. Le dernier kilomètre est repassé des milliers de fois dans ma tête pendant toute la semaine. Ce Championnat de Belgique 2003 est classé dans les moments à oublier...
VFO : Malgré tout, 2003 restera une belle saison pour toi, avec plusieurs belles victoires, tes premiers points en Coupe du Monde et au classement UCI. Quelles impressions conserves-tu de cette première saison de confrontation au haut niveau ?
LH : Je suis très surprise car avec l'école, je ne m'entrainais pas beaucoup, au maximum, trois fois 2h par semaine. Je n'avais plus la pression des autres années. Je revenais dans l'inconnu et j'espérais une victoire sans plus. Au terme de la saison, je me retrouve avec 5 victoires en plus à mon palmarès. Mais le plus beau moment restera certainement cette 20e place à la Coupe du Monde à Rotterdam. C'est impressionnant de se retrouver au milieu des meilleures du monde mais en plus de pouvoir se retrouver dans les 20 meilleures, ce jour là, était totalement incroyable. Personne n'en revenait, même pas moi.
VFO : En 2004, quels seront tes objectifs ?
LH : Comme je l'ai dit, le Championnat de Belgique, mais également, maintenant que je connais la course et si je suis encore bien à ce moment-là, le Rotterdam Tour. Pas le gagner mais faire mieux qu'en 2003. J'ai aussi plusieurs autres objectifs cachés qui y resteront jusqu'au moment de la course... tout en sachant que je n'arriverai pas en grande forme avant mi-juillet...
VFO : Tu prévoies de venir courir en France en 2004 ?
LH : Je pense, comme maintenant depuis 4 ans, venir quelques fois. J’espère pouvoir venir faire le Tour de Charente Maritime avec comme objectif de le remporter pour la 3e fois consécutive. Mais aussi, le « Trophée d’or international » que j’ai fait en 2003 et qui fut une bonne expérience. C’est une superbe course qui mérite d’être imitée plus souvent et un peu partout dans le monde. Ca changerait déjà beaucoup dans le cyclisme féminin s’il y avait plus de gars comme l’organisateur, Rémy Pigois, et les autres. C’est en partie pendant ces cinq jours là que j’ai construit les bases de ma 20e place à Rotterdam qui se déroulait la semaine après.
VFO : Y-a-til des courses que tu apprécies particulièrement en France ? Peut- être le Tour de Charente-Maritime que tu as remporté ces deux dernières années ?
LH : Comme je viens de le dire le Trophée d’Or mais aussi le Tour de Charente Maritime évidement. Dommage qu’il n’y ait pas plus de partantes car ces organisateurs là mettent beaucoup en oeuvre pour l’organiser. Déjà en 2002, j’ai été surprise par le monde présent le long de la ligne d’arrivée. Mais en 2003, c’était encore plus incroyable. Et les gens se déplacent pour voir du spectacle donc il ne faut pas les décevoir. Ce serait bien qu’il y ait plus de partantes en 2004…
VFO : Y-a-til des différences sensibles entre le cyclisme féminin belge et français, que ce soit concernant la façon de courir, l'état d'esprit de compétitrices, la qualité des organisations, etc. ?
LH : Cela dépend beaucoup des épreuves mais en général, les courses sont mieux organisées en France. Même pour les petites oranisations, il y a quand même assez de spectateurs. Je me souviens quand j’étais chez les cadettes, quand on enlevait les parents et les organisateurs, on pouvait compter les autres spectateurs sur les doigts d’une main. Ici, ça n’arrive pas ou en tout cas très rarement. L’esprit et la façon de courir est également différent. En Belgique, ça se bat plus que dans les courses normales en France. Ici, une course où on ne roule pas on a quand même 36-37 de moyenne. En France, c’est rare qu’on y arrive. Parfois, c’est même triste. Par contre, en France, on trouve de nombreuses belles courses. En Belgique, excepté la Flèche Wallonne, ce sont toutes des « kermesses ». Mais étant donné qu’en Belgique, nous sommes 80 affiliées, à chaque fois, ce sont les mêmes qui luttent pour la victoire. Cette année, un club près de chez moi va essayer une course en ligne (sur proposition de mon papa) et j’en profite pour inviter toutes les filles qui lisent ceci*. C’est un essai que nous faisons ici en espérant d’être imité plus souvent.
VFO : Tu fais partie du TC Hesbaye. C'est un club local près de chez toi ?
LH : En fait, de 12 à 15 ans, j’étais au Sprinter Club Berloz qui a créé sa section "compétition" lorsque j’ai commencé à courir en 1996. Nous étions 5 cette année là. Le club a grandi au fil des années et puis un jour pendant l’hiver 1999-2000, ils n’ont plus voulu faire de section coureurs et certains parents de coureurs ont dit que s’il n’y avait plus de club dans la région, leurs enfants ne rouleraient plus. Alors, mon père et certains autres ont réagit et c’est ainsi que le TCH est né et a grandi. On est fort impliqué dans le club, surtout mon père qui est directeur sportif entre autres.
VFO : Y a-t-il d'autres féminines licenciées dans ton club ? Peux tu nous les présenter ?
LH : Oui, on est 5. Une jeune, Carole Gaziaux, qui progresse beaucoup au fil des années. En 2004, nous avons 2 juniors : Aurore Brouet et Emilie Kempinaire. Aurore roule depuis qu’elle a 12 ans et en 2003, elle est devenue vice-Championne de Belgique, de la même façon que mon frère : en levant les bras trop tôt… A croire que c’est la maladie de la région ! Elle a beaucoup progressé par rapport à 2002 mais elle s’est bien défendue depuis ses débuts. Emilie a commencé il y a un an et demi. Elle a plus de mal mais j’espère que ça va aller mieux cette année. Elle est dans une école de cyclisme et ça l’a changée beaucoup et espère que ce sera bénéfique. Enfin, il y en a une autre de mon âge, Stéphanie Heynen. Parfois motivée, souvent tête en l’air. Quand elle a envie, elle se débrouille mais…
VFO : Nous sommes tout prêt de l'apogée de la saison de cyclo-cross 2004. N'en as-tu jamais fait ? C'est pourtant une discipline très populaire chez toi en Belgique ?
LH : Si, j’en ai fait une année (pendant l’hiver 2000-2001), mais sans entraînement, ce n’est pas évident. Alors j’ai laissé tomber. Pourtant, j’adore la boue et je suis plutôt casse cou, donc j’attends d’avoir fini mes études pour essayer une ou deux saisons en tenant compte bien entendu de la route. On verra mais quoiqu’il arrive, c’est une discipline où je m’amuse beaucoup sur le vélo, et ça ne peut être que bénéfique.
VFO : Quellles sont les spécialistes féminines de la discipline en Belgique ? Quelles sont, d'après toi, leurs chances de succès et de podium, aux prochains Championnats du Monde en France ?
LH : Il y a la VTTiste Hilde Quinten et la Championne de Belgique sur route Anja Nobus. Mais ces deux filles ont déjà un certain âge. La relève semble assurée par Loes Sels qui est désormais Dame Elite cette année. Elle a également des qualités sur la route. Mais de là à avoir un podium aux Championnats du Monde, c’est possible mais je ne pense pas. Nous ne dominons pas autant chez les femmes que chez les hommes.
VFO : Autre spécialité du cyclisme : la piste. As-tu déjà couru sur piste ?
LH : Oui, j’ai fait les Championnats de Belgique pendant l’hiver 1999-2000, mais une fois de plus pour m’amuser sans entrainement. J’ai fait la poursuite (où je finis 3e), la vitesse (4e) et le 500m (4e). C’était plutôt positif puisque je n’étais que cadette, alors que je courais avec les juniors. En plus, c’était ma première expérience sur piste ! J’ai été sélectionnée pour aller aux Championnats du Monde Juniors en 2001 aux Etats-Unis. Mais pour cela, deux fois par semaine, je devais aller m’entrainer à Gand, à plus plus de 120km de chez moi, ce qui m'obligeait à manquer des après-midi d’école. Je l’ai fait pendant 2 mois, puis je n’ai plus trop eu envie de poursuivre. Je n’aime pas trop la piste mais j’en fais de temps en temps quand même.
VFO : Changeons de sujet : ton avenir. Parallèlement au cyclisme, tu fais des études de professorat de sport me semble-t-il. Ou en es-tu exactement ?
LH : Oui je suis en 2e année. Il me reste, si tout va bien, un an et demi. J’aimerai bien faire ma 3e en 2ans, si l’école est d’accord, car nous avons beaucoup de stages à partir du mois de mars jusqu’en mai. Si je peux, je ferais mes stages l’année après pendant l’hiver comme ça je serai plus tranquille pour m’entrainer et déjà commencer le cyclisme à presque 100% pour voir où je peux arriver. On verra…
VFO : De ces études liées au sport, tu dois avoir de solides connaissances sur l'entraînement. Tu es ton propre entraineur ?
LH : Non, pas encore. J'ai un entraineur depuis 2ans seulement. Avant, je m’entrainais au « filling ». Ca marchait plutôt bien mais une fois ça a coincé alors j’ai choisi de prendre quelqu’un. Mais grâce à l’école, j’apprends beaucoup et je me rend compte des erreurs que j’ai commises auparavant. C’est important pour le vélo mais aussi pour la vie future. Il vaut mieux prévoir que arriver dans 4 ou 5ans et se rendre compte qu’on n’est pas fait pour le haut niveau avec rien dans les mains. Et puis même si ça pouvait marcher, chez les femmes, on n’est pas assez rémunérées pour assurer la fin de ses jours.
VFO : Au niveau du cyclisme, comment envisages-tu ton avenir ?
LH : Je me laisse le temps de progresser encore cette année à mon aise en faisant quelques grandes courses pour acquérir de l’expérience et puis l’an prochain, si je peux faire ma 3e année sur 2 ans, j’aimerai bien être dans une équipe qui fait assez bien de belles courses pour continuer à apprendre et à progresser. Dans 2 ans, je mettrai tout sur le cyclisme pendant 2 ans pour voir réellement ma vraie valeur et après, il sera temps de faire un bilan.
VFO : Plusieurs équipes professionnelles solides existent aux pays-bas (Farm Frites, Bik Toscany, Ondernemers, etc. ? Intégrer une de ces équipe, est-ce un espoir, un atout et une possibilité pour toi ?
LH : N’importe quelle équipe serait déjà un rêve. Mais c’est vrai que la Hollande est un grand pays du cyclisme en général et les filles y sont plus reconnues.
VFO : Connaissais-tu déjà le site Velo Féminin Online ? Si oui, qu'apprécies tu sur ce site ? Qu'aimerais tu y voir d'autre ?
LH : C’est un site super où on apprend beaucoup de choses sur les cyslistEs. C’est une excellente chose de créer cette nouvelle rubrique que sont les interviews qui permettent de faire connaissance avec les athlètes.
VFO : Quels autres sites consultes tu sur le vélo féminin (organisations, actualités, coureuses, etc.)
LH : Je vais parfois sur les sites des équipes pour y voir les changements, les nouvelles et les résultats. Lorsque je vais sur les sites des organisations, c’est pour voir les parcours… Je vais aussi voir de temps en temps les sites de mes collègues pour les connaître aussi en dehors du vélo. C’est d’ailleurs sur cela qu’est basé mon site.

* Cette épreuve se déroulera à Cras Avernas (Hannut) le 31mai. Ce jour là, il y aura également une course pour professionnels qui feront le même début et la même fin de parcours. Et en attente de ces deux courses, il devrait y avoir une course pour cadets.

Propos recueillis par Christophe Podevin, janvier 2004
Merci à Ludivine Henrion pour sa participation.


Tour de la Haute-Vienne 2001


Tour de la Haute-Vienne 2001


Wortel 2003


1er titre de Championne de Belgique à Halle (1999)


2e titre de Championne de Belgique à St Niklaas (CLM, 1999)


3e titre de Championne de Belgique à Reimst (2000)


4e titre de Championne de Belgique à St Niklaas (CLM, 2000)


5e titre de Championne de Belgique à Willebroeck (2002)

 


Flèche Wallonne 2003


Flèche Wallonne 2003


Sinaai 2003


Zingem 2003


Championnats du Monde 2001 à Lisbonne (à droite) et 2002 à Zolder (à gauche)

 

Photos Christophe Podevin, Jérôme Henry et Ludivine Henrion