Entretien 2004 n°6 - Elisabeth CHEVANNE-BRUNEL
 

Elisabeth CHEVANNE-BRUNEL
le 2 mars 1975 - Débuts cyclistes en 1989
Surnom : "ZABOU"
Réside à Périgueux
Clubs : Pédale Faidherbe de Périgueux (1989-1993), Team Cycliste Féminin 24 (1994-2004)
43 sélections en équipe de France

Site internet

Extrait de palmarès
1ère du Tour de la Haute-Vienne 2003, 1 étape du Tour de Bretagne 1996, 1 étape du Tour de Suisse 1996, 1 étape de l'Emakumeen Bira 1994, 1 étape CLM de Anneville Sur Scie 1994, 4 étapes du Tour de la Haute-Vienne


Championnats d'Aquitaine : 1e (élites, 1996, 1999), 1e (juniors, 1992, 1993)
Championnats de France : 2e (juniors, 1993), 3e (juniors, 1992 - élites, 1995), 4e (cadettes, 1990 - élites, 1994), 7e (junors, 1991 - élites, 1999), 12e (élites, 1996), 13e (élites, 1997)
Championnats d'Europe : 1e à Villach, Autriche (espoirs, 1997), 3e (espoirs, 1996),
Championnats du Monde : 1e à Perth (juniors, 1993), 2e à Athènes (juniors, 1992), 9e à Plouay (2000), 13e (élites, 1997), 17e (élites, 1994), 19e (élites, 1998), 21e (élites, 1996)

Vélo Féminin Online : Bonjour Zabou ! Je me permets d'employer ce surnom, car finalement, dans les pelotons, tu es presque davantage interpellée par ce surnom que par ton vrai prénom, n'est-ce pas ? D'où vient ce surnom ?
Elisabeth Chevanne-Brunel :
Oui, c'est vrai que les gens me connaissent par ce nom. Il date du collège où mes amies m'avaient surnommé Zabou car Elisabeth était trop long. Et puis, c'est resté au fur et à mesure du temps. Mon père Alain me surnommait comme ça aussi sur le bord des routes. Et quand j'ai rencontré M. Petit, le président de mon fanclub, il a gardé le surnom. Il n' y a que des membres de ma famille et mon petit ami qui ne m'appellent pas par ce surnom. C'est devenu trop commun et pas assez intime.
VFO : Tu as d'ailleurs un club de supporters qui n'a d'autre nom que le Zabou Fan Club. Beaucoup d'adhérents et donc d'encouragements ? Quelles sont les activités de ton fan club ?
ECB : En effet, il existe le Zabou fanclub avec quelques adhérents que M. Petit, le Président, rencontre par le biais de la maison de retraite dont il est directeur. Les adhérents sont aussi des gens qui m'écrivent. Mais c'est en partie lui qui finance le Zabou fan club. Ses activités sont les déplacements sur les championnats ou courses par étapes avec la création de tee-shirts qu'il distribue ou vend parfois. Il aide aussi financièrement des organisateurs exceptionnellement et surtout nos déplacements du team 24, mon club. L'année 2003, il a aussi aidé l'équipe des Pruneaux d'Agen en finançant une partie les kinés et en prêtant un lave-linge. J'en profite pour le remercier pour tout ce qu'il fait pour moi. Merci Pierre !!!
VFO : Ton fan club a d'ailleurs un site internet, en cours de refonte. C'est important pour toi la communication ?
ECB : L'adresse du site est www.zaboufanclub.com. Il est en cours de renouvellement mais la personne qui l'a créé ne récolte pas trop les infos. Du coup, c'est un ami qui devrait s'en occuper pour le mettre à jour avec les infos du moment. C'est en effet important pour les gens qui me soutiennent de suivre mes résultats. Plus on parlera de moi, plus on parlera du cyclisme féminin, et peut être qu'un jour nous serons les cyclistes filles reconnues pour ce que l'on fait. Une fille sur un vélo, c'est beau ! La création de mon fan club a donné des idées à plein d'autres filles et c'est comme ça que l'on apprendra aussi à nous connaître.
VFO : Quand ton fan club a-t-il été créé ? Après ton titre de Championne du Monde juniors (1993) ou après celui de Championne d'Europe espoirs (1997) ?
ECB : Il a été crée fin 1995 après le rencontre avec M. Petit.
VFO : Quelle est, ou quelles sont tes victoires qui t'ont le plus marquée ?
ECB : Mon titre de Championne du Monde Juniors en Australie et mon titre de Championne d'Europe Espoirs en Autriche ont été des moments forts de ma carrière. Il y aussi ma 2ème place et mon premier podium d'un Championnat du Monde en Grèce à Athènes avec toute me petite famille qui était là pour voir ça !
VFO : Dans le milieu des années 1990, tu faisais partie du Team Cycliste Féminin du Périgord (TCF24) - tu en fais d'ailleurs toujours partie - et étais entourée d'une solide équipe de club, très active, qui a notamment compté dans ses rangs Carine Peter, Rebecca Ménart, Stéphanie Reymond, Katia Courtois, Gwen Oster, etc.). Quel souvenir conserves-tu de ces années "TCF24" ?
ECB : Ce sont aussi de très bons souvenirs. Nous avons obtenu d'excellents résultats avec toutes les filles qui sont venues au Team depuis fin 1993 après mon titre de Championne du Monde. Nous avions le budget pour participer à toutes les courses du calendrier national et parfois international comme le Tour de Suisse ou l'Emakumen Bira en Espagne.
VFO : Ce club, qui était notamment dirigé par ton beau-père, Alain Brunel, n'a jamais pu sauter le pas vers le statut de groupe sportif professionnel ou semi-professionnel ?
ECB : Hélas, nous n'avons jamais eu le budget nécessaire pour passer en Groupe Sportif Professionnel et payer un salaire à toutes les filles. C'est en partie pour ça que j'ai signé dans un Groupe Sportif italien en 1998. Je suis revenue très vite préférant courir dans mon club.
VFO : Tu as fait partie, en 2001 et 2002, du CA Mantes, le dernier groupe sportif féminin enregistré à l'UCI qu'ait connu la France, structure désormais disparue. Toi qui était au coeur de l'action, quel est ton point de vue ? Pourquoi l'aventure de ce Groupe Sportif s'est elle achevée ? Et pourquoi aucun autre Groupe Sportif UCI n'est apparu depuis en France ?
ECB : Je pensais que c'était le point de départ du cyclisme féminin professionnel en France, même avec des indemnités faibles. Le problème est le manque de médiatisation du cyclisme féminin. Cela n'a pas enthousiasmé les dirigeants. L'autre problème est la part importante d'argent qu'il nous fallait pour être compétitif et faire le calendrier international digne d'un Groupe Sportif. Un Groupe Sportif de cyclisme féminin revenait trop cher pour les dirigeants du club Omnisport de Mantes par rapport au peu de médiatisation en retour. Ils ont préféré faire un une équipe de DN2 espoirs masculine qui leur coûte mois cher, malgré les bons résultats que nous avions obtenus en 2002. D'autre part, le cahier des charges pour ce genre de structure était trop lourd, notamment avec l'obligation de salaires sur toute l'année. De plus, la plupart des filles en France sont étudiantes ou travaillent déjà. C'est pour tout cela que nous n'avons toujours pas de Groupe Sportif en France. Ce que nous avons besoin avant tout, en France, est une structure qui nous permette de courir toutes les grandes courses du calendrier national et international.
VFO : Au sein du CA Mantes, tu as eu plusieurs coéquipières, donc Sandrine Marcuz, Magali LeFloch, Sandra Wampfler, Cybil Diguistini, Bridget Evans, etc., donc des coéquipières françaises, canadiennes, suisses, australiennes, mais aussi l'une des seules japonaises du peloton international, Miho Oki, désormais membre du groupe sportif hollandais Farm Frites. Elle est la seule de l'effectif 2002 du CA Mantes à avoir retrouvé de suite un Groupe Sportif. Est-ce dire que la France est victime de l'internationalisation du cyclisme et d'une concurrence de qualité accrue ?
ECB : Non je ne pense pas. Nous avons un beau potentiel en France. Mais la plupart de ces filles, comme je le disais auparavant, travaillent ou sont étudiantes et n'ont pas trop envie de s'expatrier à l'étranger. Malgré tout, Sandrine Marcuz ou encore Magali Le Floc'h, Catherine Marsal, Béatrice Thomas, Caroline Payot-Podevin ou Aline Camboulives ont essayé en 2003 en Italie, au Canada et en Suisse, et reviennent en France cette année. Tout n'est donc pas rose dans les autres pays. L'avantage de ces groupes est le programme de courses bien rempli.
VFO : L'an passé, tu as fait une très belle saison, avec, notamment, une victoire finale au Tour de la Haute-Vienne et un classement final très honorable sur la Grande Boucle. Quel bilan tires-tu de ta saison 2003 ?
ECB : Bilan assez bon à partir du mois de juin malgré une grosse déception au Championnat de France où un incident mécanique m'a obligé à abandonner et malgré aucune sélection de l'année en Equipe de France, et notamment au Championnat du Monde. J'avais d'excellentes sensations en fin de saison.
VFO : Quels sont tes objectifs pour cette saison 2004 ? Quand et où commenceras-tu ta saison ?
ECB : Dans un premier temps, faire un bon début de saison avec un très bon classement aux Coupes de France afin de gagner ma place en Equipe de France et faire le maximum de courses internationales pour en gagner une belle. Le Championnat de France aussi. Après, je tirerai un bilan pour la suite de la saison en fonction de mes résultats.
VFO : Dans six mois aura lieu l'épreuve sur route des Jeux Olympiques d'Athènes. J'imagine que tu aimerais être au départ de cette compétition ? Quelles sont tes favorites pour la course au titre ?
ECB : C'est vrai que j'aimerais être au départ de cette épreuve. C'est le voeu de chaque athlète au monde. J'y suis passé très près à deux reprises, mais je ne veux pas me concentrer seulement sur cette épreuve. Cela a été mon erreur par le passé. Toutes les courses sont importantes et tout est bon à prendre. Nous verrons en temps et en heure utiles. Je n'ai pas de favorite pour ce titre. Tout dépendra de la sélection pour chaque nation. Nous avons toujours des surprises. Ensuite tout dépendra du parcours !
VFO : Comment vois-tu la fin de carrière ? D'abord, as-tu déjà une idée du moment où tu y mettras un terme ?
ECB : Tout dépendra de mon année 2004. J'aimerai mettre un terme à ma carrière en n'ayant aucun regret. Je veux vivre ma passion jusqu'au bout et faire une très belle saison. La suite, nous verrons. Pour ce qui est de ma reconversion, elle est assurée avec mon emploi de conseiller commercial à France Telecom, où j' y travaille durant l'intersaison.
VFO : Tu as récemment assisté, me semble-t-il, à la présentation du Tour de la Haute-Vienne 2004. Que t'inspires cette édition ? Penses-tu pouvoir renouveler ta victoire de 2003 ?
ECB : C'est difficile de donner mon inspiration étant donné que les organisateurs recherchent encore les villes étapes. Après des difficultés, ils viennent tout juste de récréer une association pour organiser seulement le Tour de la Haute-Vienne. Merci à Claude Lecourt et toute son équipe d'avoir continué. Sans lui, il y aurait encore une course en moins. Pour la victoire, pourquoi pas. J'aime beaucoup le terrain vallonné de la Haute vienne. Mais ce ne serait pas sans difficultés car la concurrence sera redoutable avec la Championne du Monde en titre Suzanne Lunskgog au départ de l'épreuve et beaucoup plus d'étrangères.
VFO : Si je ne me trompe pas, tu as été au départ de toutes les éditions de la Grande Boucle, non ? A-t-elle évolué au fil des ans ?
ECB : Oui, en effet. J'ai pris le départ de toutes les éditions. Elle a bien évolué avec des transferts moins longs notamment. Par contre, il manque toujours la médiatisation sur le plan national. C'est pour cela que Monoprix s'est retiré et que la Grande Boucle 2003 a eu des difficultés de budget.
VFO : L'an passé, tu l'as courue sous le maillot des Pruneaux d'Agen, une équipe mixte spécialement mise en place pour l'occasion. Ce sponsor ne souhaitait-il pas s'investir davantage dans le cyclisme féminin ?
ECB : J'en profite pour remercier encore les Pr
uneaux d'Agen. Sans eux, je ne participais pas à la Grande Boucle 2003. Ce sponsor aurait souhaité faire davantage mais le cahier des charges pour faire un Groupe Sportif était trop lourd. Il n'y a pas eu d'arrangement. C'est bien dommage !
VFO : Je me trompe peut être, mais je n'ai pas le souvenir de t'avoir vu sur un vélo de piste, sur un vélo de cyclo-cross ou sur un VTT. Tu accordes ton exclusivité à la route ?
ECB : La piste très peu, le cyclo-cross jamais. Je préfère la route et la course à pied l'hiver. Mais j'essayerai peut être en fin d'année 2004.
VFO : Que penses-tu de la belle performance collective des françaises sur le récent Championnat du Monde de cyclo-cross (Laurence Leboucher 1ère, Maryline Salvetat 2e, Corinne Sempé 8e et Nadia Triquet 16e) ?
ECB : C'est une belle victoire collective. J'ai beaucoup apprécié l'entente qu'il y a eu entre les françaises. Bravo à Laurence et Maryline pour leur victoire et 2ème place et à Corinne et Nadia qui ont bien complété.
VFO : Merci Zabou pour cet entretien. Un voeux pour cette saison 2004 ?
ECB : Merci à toi Christophe et pour tout ce que tu fais pour le cyclisme féminin ! Des victoires pour moi et moins de dopage dans le sport ; ça tue les rêves de futurs champions...

Propos recueillis par Christophe Podevin, février 2004
Merci à Zabou pour sa participation.


Victoire au Tour de la Haute-Vienne 2003


Circuit National Féminin 2003
à St Amand Montrond


Route des Vins à Fleurie 2001
sous le maillot du TCF24


Badefols
 


Grande Boucle Féminine Internationale 2003
sous le maillot des Pruneaux d'Agen


Tour de la Haute-Vienne 2003


Trophée de la Haute-Garonne 2001,
sous le maillot du GS Mantes-la-Ville


Tour de la Drôme 2001, Montélimar,
sous le maillot du TCF24


Grande Boucle Féminine Internationale 2003
sous le maillot des Pruneaux d'Agen


Zabou
sous le maillot du TCF24

Photos Ch.Podevin et Zabou